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Conception (design) de systèmes en permaculture

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Planification, gestion de projet et suivi

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Mise en oeuvre de systèmes en permaculture

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Un sol vivant ?

  • Photo du rédacteur: Bertrand Jean-Mairet
    Bertrand Jean-Mairet
  • 19 avr.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mai

Le sol est bien plus qu'une simple surface où poussent les plantes : c'est un écosystème dynamique et complexe. Dans nos pratiques agricoles et nos observations de la nature, la notion de "sol vivant" est essentielle. Mais que signifie réellement ce terme ? Quels processus biologiques se cachent sous nos pieds, et comment influencent-ils la santé des plantes, des cultures, et par extension, de notre planète ?


Un sol vivant est riche en activité biologique : il abrite une diversité impressionnante d’organismes, allant des vers de terre et micro-organismes aux champignons, qui interagissent pour créer une structure fertile et résiliente. Pourtant, ce système vital est aujourd’hui menacé par les pratiques agricoles intensives et la dégradation environnementale, compromettant sa fertilité et sa capacité à soutenir la vie.

Image de 경복 김 sur Pixabay
Image de 경복 김 sur Pixabay

La fertilité du sol

Un sol fertile est un sol capable d’assurer les services écosystémiques permettant de faire pousser une plante en bonne santé. Mieux, on peut parler d’auto-fertilité c’est-à-dire la capacité qu’un sol a de lui-même de maintenir sa fertilité pour une croissance quantitative et qualitative des plantes.


Pour les jardiniers amateurs dont je suis, deux indicateurs peuvent témoigner de la fertilité d’un sol. Il s’agit de la présence de vers de terre et de la présence de matière organique au-dessus et au-dedans du sol. Pour faire simple, la matière organique, c’est de l’azote et du carbone. Si vous avez beaucoup de carbone dans le sol, c’est comme si vous avez batterie avec une grosse capacité à disposition. Vous allez pouvoir charger cette batterie avec l’énergie du soleil par l’intermédiaire de la photosynthèse. Les plantes disposent alors de beaucoup d'énergie pour se développer. Si le sol est pauvre en carbone, c'est que la batterie a une faible capacité de charge. La présence de carbone dans le sol se reconnait par la couleur de la terre qui devrait s'approcher de la couleur d'un chocolat dit "noir".


Une plante qui dispose de beaucoup d’énergie va non seulement beaucoup pousser mais elle aura suffisamment d’énergie pour pouvoir créer des acides aminés et des protéines pour lutter contre des insectes suceurs (pucerons par exemple). Si elle dispose de plus d’énergie, elle pourra même produire des molécules proches des huiles essentielles lui permettant de lutter contre des virus par exemple. Une plante en bonne santé est une plante qui lutte elle-même contre les agressions de toutes sortes. Pour cela, elle a besoin d’énergie pour préparer sa défense.


Le cycle biologique du sol, une boucle de rétroaction positive

Il faut partir d’un principe simple qui veut que pour qu’un sol soit fertile, il faut le nourrir. Actuellement, le système agricole fonctionne sur la base des plans de fumure. Avant d'installer une culture, une estimation des apports en minéraux nécessaires pour compenser ce que cette culture prélèvera dans le sol est réalisée. Le cultivateur procède alors à ces apports, d'origine chimique ou naturelle (fumier par exemple), puis installe la culture souhaitée avec l'idée qu'au terme de cette dernière, le sol aura retrouvé un équilibre au niveau de ses minéraux donc, de sa fertilité.


Mais, dans ce système, la question du carbone n'est pas abordée. Les considérations ne portent donc pas sur la capacité de la batterie, liée au carbone comme évoqué précédemment, mais uniquement sur les produits et minéraux qui y sont stockés. Au vu de la dégradation générale des sols, il semble bien que cette vision de la fertilité du sol soit incomplète.


Il faut donc parler du cycle biologique qui concerne justement la question du carbone (taille de la batterie) et des minéraux. Ce cycle débute par le fait de nourrir le sol. Pour cela, au lieu de prendre toute la biomasse lors de la moisson, l'idée est de laisser les chaumes sur le sol. Les chaumes sont les tiges des plantes que ce soit du blé ou du maïs.


Les vers de terre viennent à la surface et descendent les différents débris végétaux dans leurs galeries. Les champignons s'installent et débutent la décomposition des parties les plus dures soit les matières les plus carbonées comme la paille. Les vers de terre mangent les déchets végétaux déjà en cours de décomposition qu'ils mélangent avec la matière minérale du sol pour former les turricules, ces petits tas de terre déposés à l'extérieur de leurs galeries.

Les déjections des vers de terre et autres insectes servent de nourriture pour les bactéries et micro-organismes. Ces derniers minéralisent ces déjections et ainsi, mettent à disposition des plantes, des éléments chimiques assimilables comme les N, P, et K, pour Azote, Phosphore et Potassium pour les plus connus. Une autre partie des éléments, comme le carbone par exemple, est stocké dans le sol. C'est le processus d’humification qui permet de renforcer la batterie évoquée précédemment.


Comme la pédofaune trouve assez de nourriture, elle se multiplie et augmente les volumes de matière organique traités. Il y a ainsi plus de nutriments pour les plantes et plus de réserve en carbone. La croissance des végétaux est impactée ce qui a pour conséquence d’augmenter la production de biomasse.


Au prochain cycle, prochaine moisson, le volume de biomasse laissé au sol est donc plus important ce qui génère plus de nourriture pour la pédofaune. Le cycle biologique s’est mis en route et va s’amplifier, année après année. C'est une véritable boucle de rétroaction positive sur la croissance des végétaux qui est à l'oeuvre.


Vers une régénération des sols ?

Konrad Schreiber, agriculteur et ingénieur agronome, appuie des agriculteurs vers la culture de conservation ou de régénération des sols. Pour certains d’entre-eux, après quelques années seulement, les rendements atteints sont comparables, voir meilleurs qu’en culture intensive avec travail du sol, et après plus de 10 ans d’expérience, la productivité des sols ainsi travaillés n’a pas encore atteint son plein potentiel. Konrad Schreiber dit ne pas savoir encore où se situe la limite.


La création de l’humus se révèle être un processus apparemment plus rapide que ce qui est généralement admis dans le monde scientifique. Les biologistes évoquent une vitesse de création de l'humus de l'ordre de 2 cm pour 100 ans (0,2 mm/an). Or, la pratique des agriculteurs actifs dans la régénération des sols semble montrer des vitesses de création de l'humus très nettement supérieures. Il est parlé de plusieurs centimètres en une quinzaine d'années seulement. Pour aller plus loin, visite d'un champ avec Konrad Schreiber à visionner sous https://youtu.be/NHV3kEO5iVM .


Au fil du temps, avec les principes de la culture de conservation des sols, la vie du sol se diversifie, des déséquilibres comme l’acidification sont petit à petit corrigés, rééquilibrés. Les minéraux peuvent à nouveau être remontés depuis la roche mère par les racines et les champignons pour venir enrichir les fruits et céréales.


Le sol est à nouveau capable de faire pousser des plantes qui ont suffisamment d’énergie pour émettre les molécules (acides aminés, protéines, huiles essentielles) pour lutter contre les ravageurs, maladies et virus. Il est raisonnable de penser qu’une plante en bonne santé produira des fruits riches en nutriments et exigera moins de traitements chimiques que ce qui se pratique généralement aujourd'hui.


Le cycle présenté ci-dessus est ce que nous pourrions vivre dans un monde idéal. Dans la pratique, suivant le contexte pédoclimatique, la mise en œuvre de ce cycle n'est pas toujours simple. Il faut apprendre de nouvelles pratiques, adapter les outils de production, maîtriser les adventices, garantir des standards de qualité imposés par des filières agroalimentaires exigeantes et enfin, résister aux énormes pressions économiques. Les défis sont grands.


Au final, il faut absolument aller vers ce travail sur la fertilité des sols, en évitant les dogmes et la stigmatisation des acteurs de l’agriculture car sans changement, nous connaîtrons rapidement de sérieux problèmes de plusieurs ordres que ce soit sur le plan alimentaire ou environnemental.




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