Comprendre la vie cachée qui soutient la nôtre
- Bertrand Jean-Mairet

- 14 nov.
- 3 min de lecture
Sous nos pieds, une vie foisonnante et souvent invisible œuvre chaque jour à la fertilité des sols. Découvrons ensemble la diversité des êtres qui composent ce monde souterrain.

Posons le cadre
Malgré une disparition d’espèces préoccupante, la richesse du vivant en général reste incroyable avec plus de 1’750’000 espèces déjà cataloguées sur toute la planète. Il ne s’agit pas ici de minimiser les conséquences de la perte de biodiversité qui est dramatique mais plutôt de contempler le vivant.

On dit, que dans le volume de terre correspondant à un pouce, soit environ 1 gramme, les habitants du sol sont plus nombreux que tous les humains de la planète. Nous peinons à imaginer autant de vie dans un aussi petit volume. L’écrasante majorité de ces habitants sont invisibles à nos yeux car trop petits. Lorsqu’on foule le sol sur une prairie riche en activité biologique, on marche sur des milliards d’être minuscules appelés micro-organismes.
Dans l’article «Un sol vivant ?», le cycle biologique du sol a été évoqué avec ses principaux acteurs que sont les vers de terre et les micro-organismes incluant les bactéries. Le rôle des habitants du sol est essentiel pour l’homme. En effet, tous ces organismes assurent la décomposition et le cycle des nutriments qui assurent la fertilité des sols.
Dans cette petite série d’épisodes, nous allons évoquer un certain nombre d’espèces vivant dans les sols de nos régions. Une des sources principales utilisées pour rédiger cette série est le livre de référence «Le sol vivant» aux éditions Presses polytechniques et universitaires romandes.
Les grands règnes
En guise d’introduction, il est bon de brosser un tableau général du vivant et de découvrir comment les scientifiques ont organisé leurs connaissances et découvertes. C’est le premier niveau de classification du vivant sur terre. Les g
rands règnes sont au nombre de 7.

Dans l’illustration ci-dessus, la moitié gauche est constituée d’êtres monocellulaires et la moitié droite, d’êtres pluricellulaires.
Les deux branches de gauche (bleue et violette) présentent des organismes qui sont des procaryotes ce qui signifie que les cellules qui les constituent n’ont pas de noyau.
les bactéries (Eubacteries – branche bleue) – organismes unicellulaires à l’origine de la fermentation, la photosynthèse ou la minéralisation par exemple,
les archées (Archéobactéries – branche violette) – organismes unicellulaires différents des bactéries par leur biochimie et ayant une tolérance extrême (sources chaudes, marais salants, acidité).
Les cinq autres règnes regroupent des organismes dits eucaryotes ce qui signifie que leurs cellules possèdent un noyau.
les protistes (Protistes – branche brune) – organismes souvent unicellulaires comme les protozoaires,
les chromistes (Chromista – branche verte claire) – organismes unicellulaires ni protistes ni plantes comme les diatomées (algues jaunes et brunes),
les champignons (branche jaune),
les végétaux (branche verte),
Les animaux (branches allant du beige au rouge).
Dans le sol, tous les grands règnes sont représentés. Deux règnes en particulier vont nous intéresser. il s’agit des animaux et des protistes qui constituent la pédofaune du sol. Un troisième règne sera abordé à savoir les bactéries qui ne sont pas considérées comme faisant partie de la pédofaune. Néanmoins, leur rôle est fondamental dans le cycle de la fertilité des sols.

Au-delà des règnes, différentes classifications ont été développées par les biologistes. Ces classifications utilisent des paramètres comme la taille des organismes, leur forme (morphologie) ou leur habitat par exemple. La morphologie est très importante puisqu’elle permet de classifier les organismes par embranchement. Par exemple, l’embranchement des arthropodes regroupe des animaux ayant un exosquelette articulé comme le crabe, le mille-patte et une multitude d’insectes dont l’abeille.
Nous n’irons pas plus loin dans les classifications tant le sujet est vaste mais verrons quelques embranchements importants. L’idée est plutôt que, comme lecteur, vous ayez une idée où situer les quelques espèces ou groupes d’organismes que nous passerons en revue.
Dans ces articles, il ne s’agit pas de donner un cours académique mais plutôt de porter un regard, parfois peut-être un peu enfantin ou simpliste, sur ce monde fascinant qui se cache sous nos pieds. Nous avons créé un collectif pour la mise en place d’un jardin collaboratif et travaillons depuis 6 saisons en maraîchage sur sol vivant (www.les3sols.ch). La plupart des espèces dont je vais vous parler sont désormais présents sur le terrain et nous avons pu les observer pour les connaître un peu mieux.
Aussi, je vous donne rendez-vous pour le prochain épisode qui parlera des vers de terre.






