Les gastéropodes, escargots et limaces
- Bertrand Jean-Mairet

- 5 déc.
- 3 min de lecture
Souvent redoutés dans les potagers, les escargots et les limaces jouent pourtant un rôle essentiel dans la décomposition des végétaux et la structuration du sol. Comprendre leur place permet de mieux équilibrer les écosystèmes cultivés.
Escargots et limaces
Les gastéropodes sont des mollusques terrestres, appartenant au grand règne des animaux et dont la caractéristique morphologique est leur «pied». Pour se déplacer, les gastéropodes émettent du mucus qui marque leur chemin. Leur tête est munie de deux paires de tentacules rétractiles, les supérieurs portant les yeux à leur extrémité.

En Europe centrale, plus de 400 espèces de gastéropodes ont été recensées sur les 100’000 qui peuplent la planète.
Les escargots et les limaces, pour la plupart dépendant d’une humidité élevée, sont plus abondants sur les sols et dans les litières humides. Les escargots apprécient les milieux calcaires, le calcite étant la base de leur coquille. Les gastéropodes sont actifs dans les 10 premiers centimètres du sol. Pour hiverner, ils s’enfoncent plus ou moins profondément, de 10 cm à plus de deux mètres selon les espèces.
En hiver, il entre en sommeil profond durant lequel leur métabolisme se ralentit fortement. Les escargots ferment l’entrée de leur coquille par un opercule de mucus durci alors que les limaces s’entourent d’une couche muqueuse formant une sorte de cocon.
Les limaces - ces mal aimées

Les gastéropodes se nourrissent au moyen de leur langue munie de dents acérées qui râpent la nourriture. Si les escargots sont très discrets, les marques du passage des limaces sur les légumes s’observent très bien notamment sur les jeunes choux-pommes. Les limaces grignotent de larges sillons sur les pommes du choux en formation qui provoquent souvent leur éclatement. La plupart des gastéropodes sont dits phytophages c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de végétaux en décomposition. Pour le malheur des jardiniers, les gastéropodes raffolent également des jeunes plantons dont ils ne font souvent qu’une bouchée.
Et ils sont souvent nombreux ! Pour les limaces, leur nombre peut aller de 1 à 30 en prairie ouverte et jusqu’à 110 voir 150 en champ cultivé. En une nuit d’après pluie, c’est l’équivalent de l’armée de Gengis Khan qui débarque sur le jardin réduisant à néant des lignes complètes de jeunes plantons.
Mais, certains gastéropodes sont carnivores. C’est notamment le cas de la limace léopard qui mange d’autres limaces et se délectent de leurs œufs.

Pour les jardiniers, elle est une aide précieuse dans la mesure où elle contribue assez largement à limiter la population des autres limaces. Dans notre potager, nous avons pu observer un écart de 1 à 10 sur la population des limaces entre les secteurs abritant des limaces léopard des secteurs sans ces dernières.
Nous avons donc généralisé leur habitats pour leur permettre d’occuper tout le potager. Il nous manque encore un peu d’expérience mais, à priori, la limace léopard semble être une solution bien plus efficace que toute la batterie de mesures de lutte contre les limaces. Autrement, il reste le ramassage à la main, de nuit à la frontale, chronophage mais souvent indispensable.
Ont-elle une utilité ?
En regardant certains animaux, la question est légitime. Les tiques par exemple.
Les gastéropodes terrestres sont souvent associés à des sols remaniés ou peu évolués. Ils y produisent de grandes quantités d’excréments constitués de feuilles vertes ou mortes finement fragmentées, imprégnées d’enzymes. Le mucus qu’ils produisent contribue, comme celui des vers de terre, à la formation des microagrégats donc à la structuration du sol. Ils sont donc utiles au sol mais pour autant que leur population ne soit pas trop importante.
Des équilibres à retrouver
Un sol de jardin nouvellement créé ou dépourvu d’activité biologique, correspond au sol remanié, peu évolué. Il faut s’attendre à rencontrer de nombreux gastéropodes, spécialement des limaces. Il est alors dans notre intérêt, comme pour les vers de terre, de favoriser le développement de la vie du sol. Il est passionnant et rassurant de voir à quelle vitesse la vie se réinstalle dans un sol en mauvais état, c’est-à-dire, n’ayant pas ou peu d’activité biologique, lorsqu’on lui en donne les moyens.
Avec le temps, parfois plusieurs années tout de même, des équilibres se mettent en place. A une vague de nuisibles, la nature répondra par l’arrivée de nouveaux prédateurs qui seront de précieux auxiliaires pour autant que le recours à des moyens de lutte artificiels n’ait pas été envisagé.
Ces années peuvent être difficiles à vivre, demander beaucoup d’énergie pour réguler des populations de nuisibles et engendrer des pertes de production parfois importantes. Néanmoins, un sol vivant va compenser rapidement ces dépenses ou pertes par une hausse de l’abondance des légumes ou autres végétaux cultivés et par leur qualité gustative et nutritive.
Prochain épisode - Cloportes et mille-pattes






